CHANTS DES SANS PAPIER
J’ai une peur bleue
Je suis saigné à blanc
Et marqué aux fers rouges
Bleu blanc rouge
La bannière
Bleu blanc rouge
La patrie Mère
Bleu blanc rouge
Ma misère
Brun ou noir
Du matin au soir
Je travaille au noir
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Le visage blême
Dans mon sale HLM
Personne ne m’aime
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Sur l’hexagone éparpillés
Nous sommes des milliers
De sans papier
Ça tout le monde le sait
Nous ne sommes pas français
Dans ma banlieue
Si j’invoque mon dieu
J’en deviens odieux
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Bougnoules beurs et beurettes
C’est comme cela qu’on nous traite
Avouez que ce n’est pas honnête
Ça tout le monde le sait
Nous ne sommes pas français
Même naturalisé
Je suis trop bronzé
Pour pouvoir oser
Dire je suis français
Seul moi je le sais
La langue de Voltaire
Moi je la parle en vers
Mais il n’y a rien à faire
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Je m’efforce à être blond
Mais un certain front
Me fait l’affront
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Ceux de l’Élysée
Se sont bien amusés
Car je ne suis pas civilisé
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Pour ceux de Matignon
Je suis homme de Cro-magnon
Pas du tout mignon
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Les partis de la droite
Veulent me mettre en boite
Grillagée et moite
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
C’est mesquin et moche
Pour les partis de la gauche
Je symbolise la débauche
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
La France officielle
Et ceux de Bruxelles
Votent des lois cruelles
Ça tout le monde le sait
Et tout le monde se tait
Mon lieu de naissance
Ce n’est pas la France
Oh mes souffrances
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Est-ce donc un danger
Que je sois étranger
Pour qu’ils puissent se venger
Ça tout le monde le sait
Je ne suis pas français
Que cela vous déplaise
Moi votre Marseillaise
Me met mal à l’aise
Ça moi aussi je sais
Je ne suis pas français
Même si je dois vous froisser
Je vous livre ici mes pensées
Quitte à être expulser
Car moi aussi je sais
Que je ne suis pas français
Au-delà des vagues
Au-delà des vagues
Au-delà des eaux
Moi que l’on appelle harrag
Je vois des Eldorados
Avec mon esprit qui divague
Je rêve de pays très beaux
Ici c’est un vaste goulag
Où on ne me fait pas de cadeaux
Leur politique est telle une dague
Qu’on me plante dans le dos
Leurs mensonges qui me narguent
N’ont laissé que la peau sur mes os
Leurs promesses de mauvaises blagues
Nous sont imposées par la télé et les radios
Quand on les sollicite ils nous larguent
A nous donc barques canots et bateaux
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